Le personnage de cette fable entretient avec le réel et les êtres des rapports incertains, parfois difficiles, souvent rageurs. Ado et jeune homme, il aura joué le jeu de l’amour sans trop y croire, mais tout en voulant bien y croire. Plus tard, avec des femmes tenaces et lucides, il tentera encore de faire le bout de chemin nécessaire malgré l’artifice actuel des conventions affectives. L’amour au xxie siècle, donc, avec ce que ça implique d’engagement, de secrets et de partage. Mais impossible pour cet homme de résister, six mois par année, à l’appel du grand air – il travaille comme guide de chasse sur l’île d’Anticosti, puis sur l’île aux Naufrages, là où l’eau du fleuve devient salée. À l’appel, aussi, des bêtes qui meurent – cerfs, et oies en grand nombre –, dans un cérémonial de sacrifice millénaire. À l’appel, surtout, de ses fidèles chiens, ses confidents ; modèles de sa nature première, animale. Dans des situations tour à tour urbaines et insulaires, au Sud comme au Nord, les forces de création et de destruction, de vie et de mort, d’union et de rupture se chamaillent en lui, sans jamais s’apaiser. Avec comme ligne d’horizon la fin du monde annoncée d’une planète inquiète. Or la fille d’un vieux garde-chasse, rencontrée aux funérailles de ce dernier, pourrait bien raccorder l’avenir brisé de ses sentiments et réconcilier les pulsions contradictoires qui torpillent ses attentes. Écologiste militante, cette Marie serait-elle – après Élisabeth et Clara Sauvage – l’issue dont on rêve tous ? L’amour n’est jamais simple, et celui-là, pas simple du tout, alors que Marie perd la fragile attache de sa conscience au monde…