Au moment de payer son scotch, il s’est penché vers moi, comme on le fait pour révéler un secret. En route vers Montréal, m’a‑t-il confié, Kerouac se serait « accroché les pieds » à Lévis pendant trois jours. J’ai souri. Je connaissais bien cette histoire. De passage à Lévis en 1967, Jack Kerouac se serait lié d’amitié avec la mère de la narratrice. Loin de Montréal et de son exposition universelle, les protagonistes vivent trois jours de péripéties teintées par une quête d’absolu à une époque où les questions de drogue, de liberté sexuelle et d’avortement font facilement scandale au Québec. Sur fond de confidences tardives, mère et fille réparent au compte-gouttes une relation difficile, allégée par la présence d’un père aimant. Comme le laisse entendre le Kerouac du roman : Les grandes victoires ne se trouvent pas sur les champs de bataille, mais dans les cœurs.