Au début, les mots restent coincés dans la gorge, effleurent à peine les cordes vocales. Dans un appartement où aucun espace n’est suffisamment invitant pour peler son orange, la cohabitation est difficile, entrechoquée. Le hoquet en pulpes raconte la difficulté de prendre parole, mais aussi de prendre la place qui nous revient. Ici, la crainte de déranger autrui est tellement vive qu’il faut se faire toute petite et silencieuse, même quand les voisins entrent par la porte entrebâillée et qu’ils nous piétinent sans ménagement. Alors, l’appel de la fuite est fort : ailleurs, il est possible de se forger d’autres communautés, de se créer de nouvelles cartographies dans la solitude, pour mieux revenir sonder ses échecs. Avec une plume d’une précision et d’une méticulosité impressionnantes, l’autrice nous convie dans son premier recueil à un parcours en six parties au fil duquel se déploie une voix qui, peu à peu, arrive à s’exprimer avec force et sans maladresses. Le hoquet en pulpes évoque tant l’importance de prendre soin de soi que celle de confronter autrui, pour apprendre à mieux bâtir sa maison.