Jura, 1911. Une femme se désespère d’être à nouveau enceinte et se rend superstitieusement au lieu-dit Le Gouffre du diable pour implorer la fin de sa grossesse. À partir de ce lieu dont la terrifiante et réelle histoire nous est contée et de cette aïeule commune, Raluca Antonescu tisse quatre portraits de femmes ordinaires qui traversent de lourdes épreuves et dont les vies s’entrecroisent, et parfois se déchirent. Le jardin, comme une trame, relie ces quatre destins. Plates-bandes ordonnées d’un lotissement Levitt ou serre tropicale en Argentine mais lieu-miroir qui n’appartient qu’à soi et qui permet la reconstruction. Lorsqu’il y a plus d’une fleur sur une tige, on parle d’inflorescence. Les personnages féminins de ce beau roman se construisent au sein de leur jardin, chacune à son rythme, en se réappropriant ce savoir et l’inflorescence se fait l’expression de la transmission entre ces générations de femmes. Cette fresque familiale, qui embrasse presque un siècle (de 1911 à 2007), suit donc l’évolution des rapports à la nature domestiquée. On passe ainsi d’une vie rurale dans le Jura à une vie de lotissement des années 1960 puis à une vie purement urbaine. A la jonction de la nature writing et du féminisme, ce texte servi par une écriture sensorielle – particulièrement marquée par le sens du touché – a une sensibilité très contemporaine.