Il y a un ton propre aux livres de Gilles Cyr, un ton à la fois sobre, léger, doucement moqueur. Devant ses lieux de prédilection, comme la Crète sur laquelle s’ouvre ce nouveau recueil, le poète se met discrètement en scène (« mon fameux sourire »), comme pour dire : ne vous occupez pas trop de moi, je ne fais qu’écrire, continuez à vivre comme si je n’y étais pas. Voix riches, voix sèches : d’un côté, une « baie hospitalière » ; de l’autre, les « sols les plus dégradés ». Ici, les arbres provoquant des « flots d’émotion brute » ; là, le goût des gâteaux « pas terribles ». De temps en temps, un rappel à l’ordre (« vous êtes toujours là ? »), ou un petit art poétique : « faire briller le résidu ».