Titre cruel s’il en est, le monde désenchanté de Gérard Boismenu explique la désillusion, le découragement, la déception, le désabusement et la désespérance d’une partie importante de la population, celle qui vit la détérioration de ses conditions d’existence et qui voit son horizon bouché. Cette atteinte au lien social, dont découle une perte d’adhésion à l’ordre et la transformation de la vie politique, de sa dynamique et de ses acteurs, entraîne l’émergence des radicalismes. Dans un monde où gagnants et perdants se côtoient sans jamais se lier, où les institutions ploient sous les contraintes d’une mondialisation débridée, où les extrémismes montent en puissance, quelle force politique peut s’affirmer ? La réflexion à la fois sensible et rigoureuse de l’auteur sur les contradictions et les ruptures criantes de notre monde moderne, ses ambivalences, ses prétentions et sa marge de manoeuvre ne doit pas faire oublier au lecteur que le désenchantement permet parfois l’émergence de la lucidité et de la résistance.