Ex-maire de Hunt­ing­don et fig­ure publique bien con­nue, Stéphane Gen­dron rap­pelle dans cet ouvrage d’une belle pro­fondeur les événe­ments qui ont con­tribué à bâtir l’image de l’homme en colère qu’il a longtemps pro­jetée. Issu d’une famille dys­fonc­tion­nelle où la vio­lence était omniprésente, Gen­dron a gran­di dans la han­tise de la mort, au point où l’urgence de vivre a fini par étouf­fer sa vie. Emporte­ment, agres­siv­ité et dépen­dance incon­sciente au trash ont fait de lui un adepte de la haine et du néga­tivisme. Pour­tant, aux yeux de plusieurs, il était celui qui avait le courage de dire « les vraies affaires »… L’expression de nos colères indi­vidu­elles et col­lec­tives serait-elle dev­enue l’indicateur d’un grave prob­lème de san­té publique, dont le trash ne con­stitue que la pointe de l’iceberg ? Jusqu’où la bipo­lar­i­sa­tion sociale ira-t-elle ? À l’heure de l’opinion instan­ta­née, du clic viral, de la dés­in­for­ma­tion et du marché aux puces de l’émotion, la société a tout intérêt à se pencher sur ces ques­tions. Pen­dant le tour­nage du doc­u­men­taire Mourir en 2015, Stéphane Gen­dron a lui-même entre­pris un vaste chantier de réflex­ion pour com­pren­dre ce qui lui empoi­son­nait la vie depuis plus de quar­ante ans. Il réu­nit ses décou­vertes dans ce livre désar­mant de sincérité, qui nous rap­pelle l’individu fort en gueule qu’il a été et nous présente celui qu’il tend aujourd’hui à devenir, tou­jours aus­si engagé mais plus atten­tif aux nuances.