De son poste de téléphoniste dans le plus grand centre hospitalier du pays, la narratrice s’absente, comme elle le faisait dans sa chambre d’adolescence. Dans les deux milieux, la même envie de se fondre au mur blanc. À l’adolescence, derrière la porte close, c’était les forums sur Internet où, sous le couvert d’un avatar et d’un pseudo, on discute de scénarios de suicide; c’était également les repas engouffrés au lit et le cinéma au bout des doigts, The Virgin Suicides en boucle. C’était aussi un couteau dissimulé sous l’oreiller. Au centre d’appel, peu d’échappatoires à travers les collègues insipides et normales, les médecins hautains et le souvenir d’une hospitalisation qui obsède. Entre les deux, des épisodes de manie viendront hanter la narratrice au quotidien. Le moindre sursaut, la moindre parole enthousiaste les rappelle. Dans ce récit poignant, Valérie Roch-Lefebvre réaffirme son talent pour mettre au jour les micro-événements qui font de chaque seconde du quotidien un défi. « Tout ce que j’ai fait pour ne pas quitter ma chambre » révèle une écrivaine en pleine possession de ses moyens qui signe un texte bouleversant, narré par une écriture riche, chirurgicale.