La fracture entre le monde urbain et le monde rural ne cesse de se creuser, au Québec comme ailleurs. Pendant que les villes continuent de se développer en s’étalant toujours plus loin, les campagnes, elles, sont en proie à la désertification sociale et économique. Jusqu’où ira la déconnexion entre ces deux mondes? Quelles en seront les conséquences sur notre stabilité politique et sociale? Comment envisager l’avenir de la ruralité en contexte d’effondrement environnemental? Pour Stéphane Gendron, notre modèle d’occupation du territoire, fondé sur l’agriculture et l’exploitation des ressources naturelles, est arrivé au bout de sa logique. La renaissance de la ruralité passera nécessairement par une réforme de la gouvernance et de la fiscalité municipales, un plan de repeuplement axé sur la mixité sociale, un soutien à la paysannerie et une législation plus favorable à la main‑d’oeuvre étrangère. Si on veut nourrir la planète d’ici 2050, il faudra aussi miser sur les nouvelles technologies, en pratiquant par exemple une agriculture hors champ, et abandonner l’élevage industriel. Puisant dans son expérience à la mairie de Huntingdon aussi bien que dans son histoire familiale ou dans les films documentaires qui l’ont inspiré, Stéphane Gendron prend à bras-le-corps sa peur de voir disparaître le mode de vie qu’est la ruralité. Se faisant le porte-voix des campagnes, il défriche un audacieux chantier de réflexion sur l’occupation du territoire et le «colon 2.0». «S’il est un avenir pour notre territoire, il se bâtira avec des êtres humains qui ont fait un choix: celui de demeurer en ruralité.» Saurons-nous réinventer notre volonté de vivre ensemble et rapailler nos territoires?