Plusieurs poussent des hauts cris pour dénoncer les féministes et les antiracistes qui « assiègent » l’Université avec l’ambition d’y imposer la « rectitude politique ». Pour stimuler la panique collective, on agite en effet des épouvantails — political correctness, social justice warriors, islamo-gauchistes, wokes — et on évoque les pires violences de l’histoire : chasse aux sorcières, lynchage, totalitarisme, extermination. Mêmes des chefs d’État montent au front. Or cette agitation repose nos seulement sur des exagérations et des mensonges, mais relève d’une manipulation qui enferme l’esprit et nuit à la curiosité intellectuelle, à la liberté universitaire et au développement des savoirs. Pour y voir clair, cet essai s’intéresse avec rigueur à l’histoire ancienne et récente de l’Université, appelle à considérer la place réelle des études critiques sur le genre et la race dans les réseaux universitaires, des salles de classe aux projets de recherche, et met en lumière les forces qui mènent la charge, en particulier aux États-Unis, en France et au Québec. Il s’agit là d’un véritable exercice de déconstruction d’une propagande réactionnaire.