Les mots de mon père Urgel sont venus de loin. Ils ont voyagé de bouche à oreille pour arriver jusqu’à moi. Ceux de ma mère Alice avaient fait un périlleux voyage entre la mémoire et l’oubli. On les retrouve dans La mémoire des mots : Alice au pays de l’Alzheimer. Journalier pendant quarante ans à la forge de l’usine Singer, mon père n’a pas raconté le grand tour de ses mots. Longtemps après sa mort, ils sont apparus bien vivants dans un pittoresque village des Cantons de l’Est où je m’étais retiré. D’une certaine façon, on peut dire qu’ils sont venus à cheval. Les mots de mon père est un récit empreint de tendresse et de souvenirs d’enfance qui retrace la vie d’un père aimant et doux. Ce père est peut-être aussi un peu le vôtre. « Je monologue devant un cheval pour retrouver les reflets de l’enfance. Appuyé sur la margelle des beaux jours, je vois des jouets sur l’établi de mon père, des cadeaux sortis de son atelier et des présents sous les ciseaux de son tour à bois. Le dernier ouvrage à faire surface prend la forme d’une toupie. Je la fais encore tourner aujourd’hui pour remonter le temps. »