Alors que s’amorcent les premiers soubresauts de Mai 68 à Paris, Gil Kemeid y débarque en provenance de Montréal. Récent boursier destiné à des études d’architecture, mais surtout récent amoureux d’une jeune femme qu’il quitte inopinément, ce Québéco-Égyptien est porté par son rêve de parcourir l’Europe en une odyssée symbolique qui lui permettrait de renouer avec ses origines levantines. Retardé par le tourbillon des manifestations qui enflamment la ville, il arrive enfin à Marseille, où il déniche la Vespa usagée sur laquelle il parcourra de long en large les routes de France, puis sur celles de l’Espagne, de l’Italie, de la Yougoslavie, du Kosovo, de la Turquie, de la Bulgarie, de la Hongrie, de l’Autriche, de la Tchécoslovaquie, de la Bavière, de la France encore. Il multiplie crevaisons et rencontres, cieux cléments et mauvaises pluies. Forçant sa rossinante à fond, il vit son rêve, mais… sans le réaliser tout à fait, car il doit rentrer à Montréal… Il reviendra, se promet-il. Zone de texteTout au long de son périple, il écrit des cartes postales à l’amoureuse et confidente lointaine, qui les conservera toutes. Elles permettent aujourd’hui à leur fils, Olivier Kemeid, de refaire le voyage sur le scooter vert de 1965, collé au dos de son père – qui ne l’est pas encore –, embarqué à son corps défendant dans la même aventure insensée. Cette chevauchée, au départ si personnelle, survolte la plume de l’auteur et l’emporte dans les coulisses de l’Histoire, que son père n’a qu’entrevues pendant sa cavalcade effrénée.