Cela commence avec une morte. Une petite sœur morte. Dans la maison où s’étouffent les lamentations de maman, la grande sœur joue désormais seule, picorée par le manque, guettant les indices de sa compagne perdue. Le temps passe et la plainte de maman ne cesse pas. La grande sœur pousse, elle quitte le foyer, rencontre un garçon, s’étourdit dans la ville. Que faire : porter le deuil à perpétuité ou l’enfouir loin ? Peut-elle abandonner sa morte ? « Qui ose guérir ? » Quand la grande sœur, devenue femme, accouche d’une fille à son tour, l’enfant se révèle étrangement douée pour les spectres. Avec la complicité de sa grand-mère, devenue spécialiste du deuil et du gâteau à l’ortie, elle s’entoure d’une farandole de « jolies défuntes vierges ». Il faut se rendre à l’évidence : comme l’ancolie, cette vivace incontrôlable qui fleurit encore quand toutes ses feuilles ont été grugées par des insectes, les enfants mortes existent si elles veulent.