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Géographie du pays proche : poète et citoyen dans un Québec pluriel

Paru le 20 avril 2022
Géographie du pays proche : poète et citoyen dans un Québec pluriel
Auteur·rice·s
Maison d'édition
Kiosque
2048
Français
Mon amour du Québec n’est pas nation­al­iste si l’on entend par là que je plac­erais la nation au-dessus de tout, que je serais inca­pable de recon­naître ses tares, au passé comme au présent, ou encore que je serais obsédé par sa dif­férence, sa dis­tinc­tion, sa spé­ci­ficité. Recon­naître que le Québec est un cas unique dans l’histoire des Amériques, que sa sit­u­a­tion lin­guis­tique forte­ment minori­taire au Cana­da et à plus forte rai­son sur le con­ti­nent exige des poli­tiques et motive un souci con­stant, être con­scient des par­tic­u­lar­ités de notre par­cours his­torique – cela ne sig­ni­fie aucune­ment que l’on doive se can­ton­ner dans un provin­cial­isme défen­sif et régres­sif qui en vient à con­sid­ér­er comme sus­pecte, voire péjo­ra­tive, l’idée même d’un Québec ouvert, plu­ral­iste, inclusif. À mes yeux, telle est pour­tant l’idée de la nation qui colle le plus à sa réal­ité présente, et la seule apte à éviter sa stag­na­tion et sa folk­lori­sa­tion. Mon dis­cours n’est pas celui d’un his­to­rien, d’un soci­o­logue, d’un poli­to­logue, d’un juriste ni même d’un philosophe, bien que toutes ces dis­ci­plines me nour­ris­sent et qu’elles occu­pent une large place dans ma bib­lio­thèque. Mon point de vue sur le monde est celui d’un lit­téraire et donc d’un général­iste ou, mieux encore, d’un « écol­o­giste du réel » qui con­sid­ère que le monde que nous habitons est, à portée de lan­gage, une total­ité con­crète, com­plexe, diver­si­fiée, qui se main­tient dans des inter­re­la­tions, qui vit et se recrée sans cesse dans des échanges et dont nos dis­cours ont le devoir de faire enten­dre la poly­phonie, les dis­cor­dances autant que les har­monies. Le Québec dont je par­le est imprévis­i­ble, mais il com­mence au seuil de ma porte, dans la prox­im­ité des choses et des êtres, dans un équili­bre insta­ble qui est, au bout du compte, la seule manière d’exister. Pierre Nepveu
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