Marie Sterlin et Antoine Trussart examinent le phénomène de la gentrification en se penchant principalement sur le cas de Montréal. Leur livre met notamment en lumière le rôle qu’ont joué les promoteurs privés et les instances gouvernementales dans la transformation d’anciens quartiers dits ouvriers, comme le Plateau-Mont-Royal, le Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve. Avec un regard critique mais sans manichéisme, les auteurs montrent comment la gentrification est vécue par ceux qui la causent, mais aussi, et surtout, par ceux qui la subissent et se trouvent menacés d’être évincés de leurs lieux de vie. L’ouvrage fait également un portrait historique éclairant, et fascinant, de l’évolution du tissu urbain de Montréal depuis le xixe siècle, et notamment de l’urbanisme à très petite échelle qui l’a caractérisé. La métropole du Québec se retrouvera-t-elle bientôt dans une situation analogue à celle de Toronto ou de Vancouver, où le prix médian d’un logement avoisine le million de dollars ? On peut certainement le craindre, et pour l’éviter, il faut d’abord saisir comment opère le phénomène, socialement, économiquement, politiquement, historiquement. C’est ce que Gentriville permet de faire.