Les cendres du père ont été mises en terre. Son nom, gravé sur le tombeau familial. La promesse oratoire des chants démodés se fracasse contre le seuil d’une chambre aux soins palliatifs et d’une maison vidée. Titubant entre les boulevards de la Capitale du développement et les rues montréalaises, une poète désaffectée écume les nuits restantes, articule une reconstitution séquestrée. Dépossédée d’entre-deux siècles, expulsée hors des lieux de l’enfance, elle vocalise la mémoire érodée d’une figure disparue, grugée par l’alcoolisme héréditaire et le jusqu’au-boutisme de l’abus. Descendus d’une lignée d’habitants, issus d’une délocalisation documentée, les poèmes de Domaine du Repos se décomposent lentement, à l’aune des compulsions du productivisme bienfaisant et de l’aseptisation de l’ère numérique. L’archivage est peut-être un échec fertile.