Pour la narratrice, les rôles de mère et d’enseignante sont liés comme une seule et même vocation, où la femme est à la fois dévorée et sauvée, l’amour de l’autre étant son piège et son don. Un appel et la vie bascule, se disloque. La mémoire embrouille l’espace et le temps. Cette fragmentation de la vie d’une femme après le choc est l’histoire d’un mouvement : celui du deuil qui s’immisce dans la vie quotidienne, mais aussi du quotidien qui s’immisce graduellement dans le deuil. S’ouvre ainsi un univers personnel où la pensée rapproche une verrue sur le pied d’une enfant à un abîme bien plus grand, et la sortie d’un gâteau du four à la douceur qui manque cruellement au monde. Un univers où la lucidité et l’art s’offrent en bouées. Où les voyages — de Port-au-Prince à Hanoï, en passant par Puerto Rico ou Tokyo — deviennent parfois des fuites, des bouffées d’air, des rappels de notre liberté et de la beauté du monde, parfois aussi des preuves que la vie se transmue soudainement en désastre, la féérie, en scandale. Et vice-versa. Dans un univers où les anecdotes, les confidences, les silences et les non-dits s’accumulent, cet assemblage de fragments auxquels la superposition et les échos donnent un surplus de sens se lit d’une traite. Une voix singulière est née !