D’une lignée où les origines sont entourées de mystère, une femme explore la construction de l’identité autour de la couleur de la peau. Elle retrace la trajectoire de ses ancêtres à travers des vies, des scènes, des mémoires liées à des points charnières de l’Histoire. Adriana, enfant micmaque transplantée dans une famille blanche à la mort de ses parents, y croise le chemin d’un esclave en fuite. Ce dernier éveillera en elle la curiosité des livres et une ouverture à l’autre. Dans ce roman où se brouille la frontière entre les mondes physique et invisible, les cousins savent voler, les amants secrets marchent sur les murs et les animaux se transforment à leur guise. La quête des racines côtoie celle de la liberté du corps et de l’émancipation de l’esprit. De sa plume limpide et poignante, Bianca Joubert nous entraîne des rives du Saint-Laurent jusqu’à l’île de Gorée et juxtapose deux peuples sur le dos desquels l’Amérique s’est construite. Couleur chair évoque l’appellation contrôlée, l’édification politique de la norme de la peau blanche depuis des siècles. Un voyage inoubliable qui nous rappelle que le monde que nous habitons n’est rien d’autre que le fruit d’un métissage douloureux, et lumineux.