Un soir d’automne, Thomas reçoit la visite de deux amis d’enfance, Vincent et Emmanuel Sylvestre, dans l’appartement de Sherbrooke où il vit seul. Une décennie s’est écoulée depuis leur dernière rencontre. Vincent lui annonce qu’Emmanuel s’installera chez lui : son logement a brûlé. Il sait imposer sa volonté, et Thomas, recyclé sans bonheur en conseiller pédagogique depuis qu’il a renoncé à la littérature, a peu de projets personnels. Vincent, de son côté, est déjà monopolisé par des magouilles politiques. Nous sommes en 2013, et la crise de la Charte des valeurs québécoises bat son plein. Dans la promiscuité forcée avec son nouveau colocataire, Thomas découvre que quelque chose ronge son vieil ami. Aux prises avec un mal sans nom, Emmanuel semble obsédé par les traces de ceux et celles qui ont vécu avant lui. C’est l’oncle légendaire qui met fin à ses jours dans sa chambre nuptiale, la mère condamnée à l’errance pour échapper aux soldats ennemis, le compositeur malade qui espère être sauvé par une création nouvelle. À ces fantômes s’ajoutent ceux des adolescents qu’ont été les trois amis, revenus rappeler à Thomas leurs ambitions perdues. Avec un souffle et une ambition rares, Chez les Sublimés dresse le portrait d’une génération qui, après s’être nourrie de la révolte de Smells Like Teen Spirit, a vu ses idéaux humiliés. Satire brillante d’une société où la logique de performance domine, mais aussi réflexion mélancolique sur ce qui subsiste d’une vie humaine après sa fin, ce roman questionne, avec lucidité et ferveur, le pouvoir salvateur de l’art.