Quelque part au milieu de la campagne québécoise en 1979, Jeannine vient d’hériter de la maison de son enfance dans laquelle elle emménage avec Dan, son chum. Elle, l’écrivaine, et lui l’auteur de bandes dessinées, ont décidé de quitter la ville et leur petit appartement pour vivre dans cette vieille et grande bâtisse délabrée afin de s’y ressourcer pour y créer la « grande œuvre ». Mais, dès les premiers jours, rien ne se passe comme prévu. Entre autres, les visites à l’improviste des voisins curieux et trop envahissants mettent leur couple à l’épreuve. L’alcool n’aidant pas, Dan est pris d’hallucinations nocturnes tandis que Jeannine fait d’affreux cauchemars. Ils découvrent alors que le village est peuplé de célibataires parce qu’ils se sont retrouvés veufs, ou se sont fait quitter sans explication. Malgré tout, ils essaient de s’y intégrer et acceptent de participer à la grande fête donnée en l’honneur de l’éclipse solaire. Ils n’auraient pas dû, car même si la musique est douce et entraînante, elle peut vous mener au pire… Chanson noire est une bande dessinée d’horreur existentialiste magnifiquement écrite et illustrée. Jeik Dion développe son histoire avec un sens de la narration et du dialogue aiguisés dans un rendu graphique original et profondément immersif dont il est l’un des seuls détenteurs. Il s’en dégage une atmosphère unique, étouffante et enveloppante, qui sied parfaitement au propos. Chanson noire est aussi un écho aux contes d’horreur cosmique. Là, où les notions du bien et du mal se font anéantir par une entité plus vieille que la terre et plus sombre qu’une âme perdue.