Le Fes­ti­val de Cannes, plus impor­tant fes­ti­val de ciné­ma au monde, a été créé en 1939, mais n’a jamais pu être tenu cette année-là, en rai­son de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne et le déclenche­ment sub­séquent de la guerre. Depuis 1946, année où le fes­ti­val a finale­ment été lancé, une seule édi­tion a dû être inter­rompue, celle de 1968, qui a pris fin abrupte­ment, en signe de sol­i­dar­ité des cinéastes avec les étu­di­ants et ouvri­ers en grève. Une seule édi­tion a par ailleurs dû être annulée : celle de 2020, pandémie de COVID-19 oblige. Marc Cas­sivi et Marc-André Lussier fréquentent le Fes­ti­val de Cannes depuis le début du XXIe siè­cle. Deux décen­nies de films, de con­tro­ver­s­es, de pal­marès con­testés, de con­férences de presse tour­nant au vinai­gre, de chefs‑d’œuvre proclamés (ou en devenir), de fêtes fastes et de ren­con­tres mémorables. Un cycle qui a débuté avec le couron­nement can­nois de Lars von Tri­er, devenu une décen­nie plus tard un paria, et qui s’est clôt avec la Palme d’or unanime décernée à Par­a­site de Bong Joon-ho. Au cours de ces deux décen­nies, Michael Haneke et les frères Dar­d­enne ont joint le club sélect des « dou­ble palmés », Net­flix a bous­culé l’ordre établi du ciné­ma, Denys Arcand a con­nu l’euphorie des Inva­sions bar­bares et le désen­chante­ment de L’âge des ténèbres, et un jeune cinéaste québé­cois qui n’avait jamais tourné le moin­dre court métrage, Xavier Dolan, est devenu grâce à six films présen­tés à Cannes, entre l’âge de 20 et 30 ans, un phénomène mon­di­al. Depuis les pre­mières loges, les « 2 Marc » ont assisté à ces tri­om­phes et à ces décep­tions, à ces moments d’anthologie qui ont mar­qué l’histoire du sep­tième art.