Je l’écoutais parler. J’ai regardé ses mots se mouvoir comme autant de petites billes luisantes roulant vers la limite de la surface plane, vers le grand vide. J’étais placée devant cette alternative : ou bien j’avais tout faux, pensant à tort que j’avais tout compris, ou bien j’avais tout juste, et rien n’était plus insupportable que d’avoir raison. Le désir de croire en lui s’est mêlé à la crainte. Je m’entendais lui répondre dans un langage incompréhensible. Comment lui expliquer que certaines personnes n’ont pas assez souffert? Quand on a souffert réellement, on sait que le pardon ne répare rien, on sait que les excuses ne servent que ceux qui les profèrent.